Philippe Cognée

Le geste de recouvrement par la peinture
Dans ces différents projets je veux mettre en évidence des symptômes de notre monde. L’emploi d’un geste de recouvrement par de la peinture à l’huile comme une manière de m’approprier des images qui parlent de notre société, et qu’à force d’habitude nous ne voyons plus.
Cette installation est un projet qui m’a pris plusieurs années. Je l’ai commencé en 2013, je n’arrivais pas à trouver la forme, et c’est en 2014 que j’ai enfin compris comment le réaliser. C’est la reprise d’un concept de travail réalisé entre 1991 et 1996. 
Début des années 1990, je décide de prendre un appareil photo et je photographie systématiquement tout ce que mon regard peut croiser quotidiennement sans que je cherche le « beau sujet ». Cela allait de mes chaussures au frigo, aux allées de supermarchés, aux barres d’HLM, aux paysages avec vaches, etc. J’ai dû réaliser des milliers de photos. J’en choisissais un certain nombre, celles que je trouvais parlantes pour ce projet et je les recouvrais méthodiquement de peinture à l’huile prenant soin de respecter l’image qui était en dessous. Je faisais de petites peintures à l’huile de 10x15cm. Je les disposais ensuite en regroupement de plusieurs centaines, elles constituaient une seule pièce avec une multitude de motifs quotidiens. Je voulais savoir si tout était pictural. C’était en quelque sorte des esquisses pour des tableaux à venir.
En 1996, j’ai repris le même principe avec des publicités de boites aux lettres. Une erreur technique m’a obligé à détruire l’ensemble de ce nouveau projet… L’huile directement posée sur le papier pub de mauvaise qualité a fini par les détruire.
En 2013, j’ai voulu recommencer ce principe de recouvrement d’images mais cette fois-ci en parlant du monde de l’art contemporain.