C-RC : Quel est le sujet principal dans votre travail et quels thèmes explorez-vous ?
Sébastien Laudenbach : Mon travail de dessin est très autobiographique et tourne beaucoup autour de l'examen des passions mortifères, de la lutte entre élan de vie et pulsions de morts. À travers des souvenirs ou des expériences personnelles, j'explore la folie, les désirs, les peurs, la colère, la joie, les constructions et destructions humaines, la puissance de ce qui vit.
C-RC : Quel est votre œuvre d’art favorite et pourquoi ?
Cyril Pedrosa : Le Jardin des Tarots de Niki de St Phalle. C'est une œuvre hallucinante et foisonnante, d'une très grande maitrise formelle, où la mort et la folie sont transformés en un palais de joie. J'y vois l'accomplissement de la vie de Niki, où tout ce qui l'a animé dans son engagement artistique est rassemblé, et je trouve ça bouleversant.
C-RC : À quoi ressemble votre lieu de travail – votre atelier?
Cyril Pedrosa : Je travaille chez moi, dans deux espaces distincts. Un espace pour le « dessin propre », pour le travail sur table, est aménagé dans mon salon. C'est là en particulier que je travaille la bande dessinée et l'animation. Un espace pour le « dessin sale », où je travaille les grands formats sur les murs, d'une manière plus gestuelle, est aménagé dans une chambre.
C-RC : Votre lieu préféré ou l’endroit qui vous inspire le plus ?
Cyril Pedrosa : Mon lieu préféré n'existe pas vraiment. Il s'agit du souvenir lointain de la maison où je vivais enfant, à la campagne, dans un hameau de la Vienne. C'est un lieu associé à des sensations, des couleurs, des sentiments, bien plus qu'un espace. J'associe beaucoup de ce lieu au refuge qu'est pour moi le dessin. Un endroit sans danger, où on se sent vivant.
C-RC : Quels sont vos matériaux de prédilection ?
Cyril Pedrosa : J'utilise le plus souvent des pastels secs et des crayons de couleurs, qui me permettent de travailler vite, sans attendre de temps de séchage, avec beaucoup de spontanéité et d'improvisation.
C-RC : Que nous raconte votre exposition ?
Cyril Pedrosa : « Journal d'une bataille » est un journal intime, où les dessins restituent ce qui m'a traversé pendant les 18 mois de ce travail. C'est à la fois un combat intérieur, un examen de soi, une recherche de vérité, et un combat extérieur, un regard porté sur la fascination et l'effroi que provoque « l'autre ». Mais c'est aussi le récit d'un combat avec le dessin, pour détruire mes automatismes, mes facilités, mes astuces, le désir de plaire.