Pouvez-vous nous présenter l’exposition que vous allez présenter à Saint Gratien ?
Il s’agit d’une exposition qui s’intitule Les gens, crée par le collectif Les Chats Pelés il y a déjà quelques années. Nous avions déjà présenté une exposition sur ce thème lors du Festival des illustrateurs, à Moulins en 2011. On a fait quelques expos depuis, en enrichissant toujours le thème avec nouvelles pièces que l’on créé souvent sur place. On a l’habitude de rester une semaine sur place pour réaliser de nouvelles pièces adaptées au lieu de l’exposition.
Notre particularité c’est de travailler avec plusieurs matériaux, à plat ou en volume, avec beaucoup de techniques peu utilisées habituellement dans l’univers de l’illustration. On travaille beaucoup la matière et le volume, que ce soit avec du métal, du bois… on considère que tout est bon pour faire des images, dans la mesure où ce n’est pas excessivement dangereux bien-sûr !
On récupère tout ce qui est bon à utiliser, même de la tôle rouillée, des tissus usés, ou du vieux papier journal par exemple. On aime bien tous les matériaux qui ont déjà été utilisés, qui ont un vécu, car on considère que tout ce qui a du vécu est vivant. Paradoxalement, tout ce qui est en plastique, un peu lisse ou trop uniforme, ça ne nous inspire pas vraiment de vie.
Nous remettons certains objets en scène à notre manière en les retravaillant, nous leur donnons une petite vie dans nos images. Il peut s’agir de pièces toutes petites, de la taille d’une main, ou de pièces d’une longueur de 5 ou 6 mètres. Ce que nous a fait découvrir cette exposition, depuis le temps qu’on y travaille, c’est aussi la façon d’intégrer l’espace dans nos créations.
Pour cette exposition, vous allez également travailler avec la vidéo. Comment comptez-vous intégrer ce nouvel outil à votre œuvre ?
C’est un outil que nous avons déjà utilisé par le passé mais jamais lors d’une exposition. Encore une fois, pour nous tout est bon pour créer de l’image, pour donner du sens, raconter. Ce que l’on retrouvera sur la pellicule sera aussi très en lien avec la matière, très graphique, car nous sommes graphistes de formation. Pour nous c’est un outil qui a sa place. Nous allons aménager plusieurs espaces dévolus à la vidéo au sein de l’exposition, pour faire en sorte que la visibilité soit optimale.
Quand nous utilisons cet outil, nous partons d’une pellicule existante, nous la grattons, puis nous la « reprojetons ». On peut aussi faire de l’animation en direct, c’est quelque chose que l’on a déjà fait. Nous ne savons pas encore précisément comment la vidéo intègrera l’exposition mais il y aura certainement un film d’animation. C’est un outil très intéressant qui nous offre d’autres opportunités de raconter les choses. Mais nous resterons dans notre univers graphique, on retrouvera bien sûr notre identité visuelle.
Comment avez-vous abordé le thème des « gens » ?
Ce sont avant tout les matériaux qui nous guident, je dirai même les rencontres avec les matériaux, qu’ils soient de récupération ou pas. Mais tout est bon pour parler des gens. Ce qui nous intéresse c’est parler de la vie et parler des gens c’est parler de la vie. Nous n’avons pas vraiment de démarche conceptuelle précise. Bien sûr il y a des idées qui nous viennent mais c’est avant tout très lié aux matériaux que nous utilisons pour nos créations et au fait que ces matériaux aient un vécu.
Ce qui est aussi intéressant pour nous c’est de travailler l’espace comme nous l’avons rarement fait auparavant. Il s’agit de faire « vivre » le lieu d’exposition et l’utilisation de la vidéo va notamment participer à ça. Nous allons aménager l’espace sous formes de pièces, de façon à ce qu’il ait un petit parcours, un cheminement, que les gens puissent circuler et ne pas tout voir d’un seul coup. Certaines choses vont nécessiter un peu d’intimité et seront donc placées dans des petites pièces, des couloirs, avec certaines ambiances lumineuses… On va essayer de rendre vivant cet espace d’exposition et de créer une sorte d’enchantement, quelque chose d‘onirique, de ludique…